Les origines
Laurent Mourguet,
le créateur de Guignol
En utilisant sa marionnette Guignol pour attirer ses clients, cet arracheur de dents a peu à peu métamorphosé ce personnage en une figure de critique sociale, divertissant et éduquant le peuple.
Une marionnette à gaine, c’est quoi ?
La marionnette à gaine est manipulée à l’aide de trois doigts, permettant de contrôler les mouvements des bras et de la tête pour donner vie aux personnages. Ces marionnettes sont mises en scène dans un castelet, un petit théâtre conçu spécialement pour elles. Ce castelet suit les conventions du théâtre classique, avec des entrées des personnages depuis la cour (droit) ou le jardin (gauche), évoluant à travers un décor pour enrichir l’histoire globale.
Un trio représentatif
du peuple
En 1789, une période marquée par le chômage, des hivers impitoyables et une famine sévère. Les tisserands, appelés « canuts », à Lyon luttent pour survivre. Guignol, à travers ses vêtements et sa posture, incarne cette classe sociale éprouvée. Gnafron, à la fois le compagnon fidèle de Guignol et un canut souffrant des conséquences exacerbées de cette situation, se réfugie dans l’alcool pour noyer ses pensées. Enfin, Madelon représente à la fois l’épouse de Guignol et la voix raisonnée, apportant des paroles sages pour tenter de rationaliser la situation.
Historique
D’arracheur de dents
à satir politique
Guignol est si populaire en France parce qu’il incarne l’esprit du peuple avec humour et intelligence. À travers ses aventures, il dénonce les injustices, critique les abus de pouvoir et tourne en dérision les absurdités du quotidien, des thématiques toujours actuelles. Ce mélange de satire sociale et d’humanité touche toutes les générations, car chacun peut s’identifier à ce personnage débrouillard et rusé qui triomphe des difficultés avec ruse et courage. Guignol dépasse le simple cadre des spectacles de marionnettes : il est devenu un véritable symbole de l’esprit critique et de l’humour français, influençant l’art, la culture et les traditions populaires. Grâce à lui, rire et réflexion restent indissociables, ancrant son message dans le cœur des spectateurs.
Laurent Mourguet, marchand forain puis arracheur de dents, utilisa au début la marionnette de Polichinelle pour divertir ses clients afin de soulager la douleur dentaire. En 1804, ne voulant plus extraire de dents, il ouvre un théâtre au petit Tivoli, proposant un spectacle comique avec Polichinelle. Il s’associe avec le Père Thomas pour animer le théâtre ensemble. En raison de ses problèmes d’alcool, le Père Thomas quitte le théâtre et devient un concurrent de Mourguet. Cette histoire engendra le personnage de Gnafron, puis Mourguet créa Guignol, inspiré de sa propre personne. L’objectif était de créer un spectacle populaire, critiquant la société. Le théâtre devient permanent et le Père Thomas revient ensuite auprès de Mourguet. Polichinelle disparaît pour laisser place aux marionnettes de Mourguet. Devenu marionnettiste professionnel, Mourguet utilise Guignol pour critiquer ouvertement la société, à travers des représentations parfois censurées en raison de leurs propos.
Bon à savoir : Un critique assistait aux représentations de Guignol pour évaluer si des parties devaient être censurées. Grâce à ces évaluations, nous disposons des premiers écrits sur les spectacles de Guignol.
Un rôle clé
dans l’Histoire
Guignol et ses compagnons représentaient les travailleurs malins de Lyon et des environs, mais leur succès populaire a dérangé la police de Napoléon III, entraînant la censure en 1852. À la fin du XIXe siècle, la pression censurait le spectacle et attirait un nouveau public plus aisé, modifiant le contenu pour inclure des classiques avec Guignol dans des rôles différents. Cette transformation a éloigné Guignol de son public d’origine et l’a rendu obsolète pour les riches, marquant la fin du Guignol pour adultes. Bon à savoir : Depuis le décès de Laurent Mourguet, sa famille ainsi que diverses compagnies, dont la nôtre, travaillent à perpétuer l’héritage de Guignol.
Des attributs
réfléchis
Guignol, dont le nom même est ironique, est associé à l’expression «c’est guignolant» pour dire «c’est drôle», mais sa signification précise fait débat. On pense à une origine liée à «guign’oeil» ou «guigne», mais l’explication exacte demeure incertaine. Guignol se distingue par ses attributs distinctifs : le salsifis, une tresse héritée des canuts pour éviter les problèmes de cheveux au travail ; son chapeau, inspiré des crocheteurs de péniches ; et enfin, sa Tavelle, un bâton en bois de tilleul fendu pour créer des sons forts lorsqu’il est utilisé, également connu comme son «éventail à bourriques».
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Nathalie G.
Membre du comité des fêtes de Sautron
Nous avons invité le théâtre pour la fête du village l’an dernier, et ce fut un grand succès. De nombreuses familles étaient présentes, et l’histoire riche et captivante a su les tenir en haleine. Je recommande vivement !
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Crédits photo : Musée Gadagne/Xavier Schwebel.